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Le Faire à Repenser - 01-02/10/2011 - Montferrand le Château

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Deux ans après la Grande Lessive, le CAC revient s'installer à Montferrand le Château avec le "Faire à Repenser", un festival pour les alternatives au capitalisme.

Pendant ces deux jours, le public a l'occasion de pouvoir rencontrer des acteurs militants, via les nombreux stands et les conférences proposées. Parmi les intervenants beaucoup sont de la région, le festival accueillant également quelques militants nationaux.

Un large spectre d'organisations est représenté : syndicats, associations, collectifs... plusieurs représentants de différents mouvements politiques viennent également apporter leurs point de vue. De plus il y a à la fois des intervenants locaux et nationaux.

Tout cet ensemble dégage une certaine émulsion, et permet au public de découvrir en profondeur les différents aspects des alternatives au capitalisme. Y sont exposés sans tabou les idées communes et les contradictions, les idéaux et leurs paradoxes, les idées qui rassemblent et celles qui font polémique. Victoires et défaites du passé sont analysées avec la même énergie.

Le "Faire à Repenser" a également reçu le soutient de nombreux artistes. Les nombreuses pièces de théâtre et concerts qui y ont été donnés lui ajoutent un intérêt culturel indéniable.

Le festival commence samedi avec une conférence sur la violence et la désobéissance civile, avec X. Renou, C. Di Cinto et M. Fiszbin. Les questions autour du paradoxe de savoir s'il est judicieux d'utiliser la violence pour combattre la violence sont aussi vielles que l'humanité.

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Fort de notre histoire contemporaine, et de ce qui se passe en ce moment dans les pays Arabes, ce débat est plus que jamais d'actualité.

Le débat fut intense, difficile d'apporter une réponse simple à une question si complexe.

Mais une chose est sûre - c'est le point positif à retenir - tous les alternatifs et révolutionnaires d'aujourd'hui réfléchissent activement sur le sujet, ayant tous à cœur de ne pas reproduire les erreurs du passé où nombre de remèdes se sont finalement révélés pires que le mal.

L'après-midi continue en musique avec Guy Pothier, puis sur les planches avec le One Lubu Berlu Show.

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La deuxième conférence commence avec le thème "capitalisme contre-nature". Samuel Chaîneau nous apporte son point de vue d'éthologue sur notre société, en mettant en lumière plusieurs antagonismes majeurs dans les directives qui gouvernent notre quotidien.

Un exemple fameux est celui des employés dont la retraite est basée sur un fond de pension ; les employés ont intérêt à ce que le fond de pension soit le plus rentable possible, ce qui aboutit à une pression accrue des actionnaires sur l'entreprise, ce qui au final nuit aux employés.

Sans pour autant remettre en cause toute la société, il apparaît que certaines règles doivent êtres modifiées ou limitées dans leurs impacts.

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Un autre aspect de la conférence concerne l'utilisation de la science dans les décisions politiques. Aujourd'hui force est de constater que les conclusions d'"experts" sont utilisées à tout bout de chant pour verrouiller le débat.

Samuel Chaîneau nous explique qu'au contraire, la science n'est pas là pour trancher mais pour nous indiquer les conséquences de chacun des choix possibles. Car c'est aux politiques - c'est-à-dire aux représentants du peuple - de prendre les décisions.

Deux films sont diffusés ensuite. Le premier, Ni Vieux Ni Traîtres, revient sur l'époque d'action directe et fait écho à la première conférence. La version présentée est une réédition, qui inclu en plus des vidéos des débats qui ont accompagné les premières projections du film.

Loin d'être un film de propagande, il met en lumière les contradictions et cas de conscience qui se sont posées à cette époque.

Le deuxième film Into eternity est proposé par le collectif anti-nucléaire ; il apporte une réflexion sur tous les enjeux du problème et notamment les conséquences à long terme de nos choix actuels pour les générations futures.

La musique reprend ses droits avec Anahita qui nous offre un florilège de la musique créole des années 50. Puis c'est la chanson française qui est à l'honneur avec Ni clown ni vice, et Les grues cendrees. La soirée se termine en reggae avec Le Donz, puis Mash up Sound.

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Le théâtre n'est pas en reste, d'abord avec Now Futur 2 de la compagnie Gravitation, puis plus tard dans la nuit avec le remarquable spectacle de feu de Serious road trip.

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Le festival continue dimanche.

Au petit matin les habitants de Montferrand le Château ont pu faire quelques courses sur le marché bio.

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La troisième conférence démarre avec le thème "la politique esclave des marchés". Ce titre provocateur est inspiré d'un constat sur la crise et la situation politique actuelle : alors que depuis des années les alternatifs militent pour la mise en place de solutions de régulation simples et qui n'ont rien de révolutionnaire - en particulier la taxe sur les transactions financières de 0,x % - les décideurs l'ont toujours rejeté en bloc... jusqu'à attendre que la situation soit tellement critique pour commencer à l'envisager.

Les défenseurs de ces idées pourraient se réjouir, mais cette petite victoire a un goût amer. La crise est là et le mal est déjà fait. La mise en place de réformes aujourd'hui, si elle permet d'éviter que la situation ne s'empire, ne va pas réparer les dégâts.

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Thomas Coutrot constate que la crise est là en grande partie parce que les principes structurels voulus par les institutions l'ont permise.

La quatrième conférence a pour thème le partage des richesses. F. Toquet qui la co-anime avec Georges Ubbiali apporte un éclairage intéressant et précis, puisque travaillant pour le trésor public.

Fort de chiffres et de statistiques officielles, les idées reçues tombent. La conférence était très détaillée et je ne pourrais tout retranscrire ici, je me contenterais de citer les faits et chiffres suivants.

Dans les années 1980 le taux marginal d'impôt sur le revenu était de 65%, il est de 40% aujourd'hui. Sachant que les USA avaient par le passé un taux marginal de 90%.

Le taux d'imposition moyen actuel en France est de 7,7%, tandis que la moyenne des pays de l'OCDE se situe autour de 9%

Il est faux d'affirmer que l'on paye trop d'impôts en France par rapport aux autres pays, et que les impôts ont augmentés sans cesse.

F. Toquet nous rappelle que la fiscalité a trois buts majeurs : financer l'action publique, corriger les inégalités, inciter les citoyens à changer de comportement (primes et taxes sur les produits écologique ou polluants par exemple).

Deux pièces de théâtre et plusieurs concerts vont animer l'après-midi.

La compagnie Strüdel nous offre une vision loufoque du ménage idéal avec sa pièce Habibi mein schatz, tandis que la compagnie la Carotte revisite le Petit chaperon rouge pour le bonheur des petits et grands.

Sur scène de nouveau des concerts de chanson française avec Sud Orchestra Solidaire et Sernan. Vika nous apporte un peut d'exotisme avec sa musique moldave.

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Enfin Moby Prick, nouveau groupe de rock de Besançon dont c'est le premier concert en public, impressionne.

Côté cinéma, c'est le film Food Inc qui a été choisi, soulignant ainsi que les questions écologiques sont au cœur des préoccupations des alternatifs.

Radio Campus, qui a été présent pour couvrir tout le festival, a réalisé de nombreuses interviews en direct des différents intervenants mais aussi de plusieurs artistes.

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Les nombreux stands ont également beaucoup de succès. J'ai apprécié de voir une grande quantité de livres proposés au public, et découvert avec surprise et plaisir des jeux coopératifs pour enfants.

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Cette initiative est judicieuse à l'heure ou une bonne partie de l'éducation de la génération suivante, il faut bien le reconnaître, est assurée en partie par toutes sortes d'éléments de consommation (TV, jeux, ...) dont les valeurs ne sont pas toujours très nettes !

A noter également le stand d'Apper Solaire - l'énergie solaire à porté de tous - qui met en valeur le bricolage et la récup, qui sont d'authentiques valeurs écologiques. Quoi de plus paradoxal en effet, d'acheter des panneaux photovoltaïques fabriqués en Chine, qui mettront plus de 10 ans à générer l'énergie qu'a nécessité leur fabrication.

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Plusieurs affiches étaient exposées, avec notamment à l'honneur l'équivalent actuel de nos ateliers populaires dans les pays Arabes en pleine révolution à l'heure où j'écris ces lignes.

Cette année une série de panneaux d'affichage étaient consacrés à la doctrine fouriériste ; cliquez sur les liens suivants pour les lire :
- Le socialisme utopique
- Le mouvement social
- Le phalanstère
- L'éducation
- Les femmes
- L'association agricole
- Les quatre mouvements
- En Franche-Comté
- En Franche-Comté (2)
- En Franche-Comté (3)
- Aujourd'hui

Le festival se termine avec une table ronde sur la convergence anticapitaliste, avec des intervenants de plusieurs partis politiques de gauche. Enjeux électoraux oblige, si les alternatifs veulent espérer voir leurs idées mises en pratiques, il leur faudra s'unir.

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Ce n'est pas toujours évident car tous ces militants ont à cœur de respecter une organisation démocratique et de rester fidèle à leurs engagements, mais des compromis sont nécessaires.

Voici venu le moment de conclure. Ce festival clairement orienté à gauche aura convaincu certains visiteurs et rebuté d'autres. Ce n'est pas à moi de vous dire qui a tord et qui a raison car chacun trouvera sa propre vérité.

Mais je peux écrire sans me tromper cette initiative était utile et d'intérêt public. En effet, à l'heure ou malheureusement plusieurs personnes se désintéressent des questions politiques, et où les médias dominants expédient manu militari les grands sujets de société en quelques minutes, ce festival, où pendant deux jours tous les acteurs d'un courant de pensée ont exprimés en détail tous les aspects de leur démarche est salutaire.

Il faut remercier les militants locaux, pour la plupart de simples gens comme vous et moi, qui ont osé s'exposer en public pour répondre à toutes les questions posées.

Car si leurs idées n'ont pas convaincu 100% des visiteurs - ce qui est normal dans une démocratie - une chose est sûre : ce "faire à repenser" a donné envie de s'intéresser à la politique, et même de s'y investir.

Ci-dessous vous trouverez les photos et les vidéos prises pendant le festival.


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