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Fensch Militaria 2011 - 10/09/2011 - Florange (57)

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Ce week-end l'association Fensch Militaria Motor Club 44 organise sa grande manifestation annuelle de commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale et de la libération.

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L'association réuni de nombreux passionnés d'histoire, la plupart ayant consacré tout leur temps libre pendant des années pour collectionner et restaurer véhicules, objets et documents d'époque.

Avec la volonté de préserver notre avenir fondé sur une paie durable en Europe et avec comme argument le devoir de mémoire, cette association a cœur de montrer aux publics, de toutes les générations et de tous les pays, les précieux vestiges ainsi conservés.

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Avec le renfort d'historiens et le témoignage des vétérans, et aussi une mine d'information sous forme de livres, affiches et dépliants, Fensch Militaria offre des informations détaillées et interactive sur notre histoire récente.

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Motivés et nombreux, cette communauté historique accueille volontiers des dons de matériels et de nouveaux bénévoles. Plus de renseignements ici : www.fenschmilitaria.com

En ces temps de questionnement sur l'ordre mondial, et de remise en cause - tout à fait légitime - de l'économie néolibérale, c'est aussi l'occasion de rappeler l'indispensable soutient des USA dont a bénéficié la France et l'Europe il y a 65 ans.

Il n'y a rien qui soit tout noir ou tout blanc, notre monde est fait de nuances de gris.

Pour les passionnés de mécanique, Thierry Rudyk présente sur son stand un projet de construction de véhicules militaires à échelle 2/5, 1/2 et 3/5, destinés à l'animation de la ligne Maginot.

Voici deux exemples :

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Si vous êtes disponible contactez otantjadis@hotmail.fr

Le week-end commence par un rendez-vous sur le campement du complexe de Bétange. Les visiteurs peuvent admirer les nombreux véhicules parfaitement restaurés et la reconstitution fidèle de campements militaires.

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De nombreux panneaux d'affichage regorgent d'informations historiques, avec un focus sur les événements particuliers en Moselle; les membres de l'association accueillent volontiers les visiteurs pour répondre à leurs questions.

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La grande salle abrite également une importante exposition de maquettes

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L'après midi commence avec le départ du convoi pour la visite de l'Espace Mémoire de Hagondange.

Le passage des véhicules dans chaque village suscite curiosité et émotion, et glane au passage quelques visiteurs.

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La visite de l'Espace Mémoire est le point fort de la journée. Je ne serais capable, dans cet article, en mesure de décrire toutes les informations recueillies, et encore moins résumer l'histoire de la seconde guerre mondiale. Il y a de quoi remplir des milliers de pages sur cette période marquante.

Je vais plutôt profiter de ces quelques lignes pour mettre en lumière un aspect plutôt mal connu, à savoir le traitement particulier des populations Alsaciennes et Lorraine lors de l'occupation, par rapport au reste du pays.

Avant la seconde guerre mondiale, l'Alsace et la Lorraine n'avait déjà pas été gâtées par l'histoire : d'abord avec la guerre de 1870 et les annexions qui en découlèrent, et ensuite avec la guerre 14-18.

Le quart nord est de la France a non seulement été touché très sévèrement par les combats et les bombardements, mais aussi par une politique de terre brûlée méthodique et très violente : maisons et usines dynamitées, bétail massacré, arbres fruitiers tronçonnés, champs cultivés retournés.

Amère victoire. Après l'armistice de 1918, ne restent que quelques survivants affamés dans un immense champ de ruines stérile. Sans compter les multiples mines et munissions non déclenchées encastrées dans le sol, qui font encore des victimes aujourd'hui sur les chantiers.

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Vingt deux ans plus tard, alors que les dégâts de 14-18 sont encore visibles, la France est de nouveau en guerre, et va connaître les heures sombres de son histoire avec l'occupation. Si tout le monde sait que la France était partagée entre, la zone occupée au nord et la zone "libre" au sud, la réalité est plus complexe :

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Ainsi dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, annexées le 7 aout 1940 par les nazis, le régime mis en place fut sans commune mesure avec celui des autres zones.

L'objectif de l'occupant est de "re-germaniser" ces territoires, en guise de revanche de 14-18.

Mosellans et alsaciens sont considérés comme devant êtres des allemands "normaux".

En témoigne l'affiche de propagande à droite.

On peut lire "dehors le cirque français".

Les symboles de notre république étant représentés comme des déchets à évacuer d'un coup de balai.

L'occupant n'y va pas avec le dos de la cuillère, les habitants sont prévenus du sort qui leur est réservé !

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La première conséquence de cette politique est l'expulsion massive de nombreux habitants.

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L'occupant considère que des "ennemis de l'Allemagne" ou encore des "Lorrains non assimilables" doivent quitter la Moselle.

Plus de 70.000 personnes doivent ainsi partir brutalement pour une destination inconnue quelque part en France, laissant derrières elles tout ce qu'elles ont. La garantie qu'il n'y aura pas de spoliation ne sera pas respectée, les "expulsés" ont tout perdus.

Pour combler le vide ainsi créé, les nazis décident de "déplacer" des populations allemandes.

C'est l'occasion de rappeler qu'une des premières victimes de la dictature nazie est le peuple allemand lui-même. Une visite dans un cimetière militaire allemand permet de se rendre compte que les derniers combattants sont tombés... à l'âge de 14 ans.

Dans chaque département français, des mesures doivent êtres prises dans l'urgence pour accueillir les lorrains exilés de force, auxquels il faut encore ajouter ceux partis d'eux-mêmes craignant la dure répression qui s'annonce.

Mais l'organisation de l'exil est surtout l'occasion pour le gouvernement de Vichy d'effectuer un "tri". Parmi les Lorrains expulsés, ceux qui sont juifs, "suspects politiquement", ou encore "en dehors de la norme" sont envoyés vers des camps d'internement.

Pour ceux qui restent, le cauchemar commence. Un véritable endoctrinement des mosellans et des alsaciens est mis en place. Dès 1942, l'adhésion aux jeunesses hitlériennes est obligatoire pour les plus jeunes. Ceux en âge de combattre sont enrôlés de force dans l'armée nazie et envoyés sur le front Russe comme chair à canon. Ils seront surnommés plus tard les "malgré-nous".

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Ceux qui restent sont employés comme main d'œuvre bon marché, taillable et corvéable à merci, dans les usines d'armement nazi.

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Il ne faut pas oublier que plusieurs milliers de femmes mosellanes ont étés envoyées sur le front pour servir d'auxiliaires de guerre dans l'armée nazi. Craignant qu'elles ne tombent enceintes, les médecins militaires nazis leur pratiquaient régulièrement des piqures de bromure dans la colonne vertébrale.

La plupart des femmes qui ont survécu à ce traitement de choc sont devenues stériles.

Une autre conséquence de l'occupation en Alsace et en Moselle est l'éradication de la langue française de l'enseignement. Les écoliers n'apprenaient plus que l'allemand et s'ils étaient surpris à parler français - même entre eux à la récréation - ils étaient sévèrement punis.

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A la libération un appel à la solidarité est lancé dans toute la France pour collecter des livres, car tous les manuels scolaires français ont été brûlés par les nazis.

Aux anciens ayants grandis pendant la période 1871 - 1914, s'ajoute donc cette génération scolarisée pendant l'occupation. Après la libération, toutes ces personnes qui maîtrisent mal le français se retrouvent en situation d'exclusion dans leur propre pays.

Pire, elles sont parfois injustement considérées par leurs compatriotes comme des étrangers ou des ennemis.

La résistance face à l'occupant était bien réelle, qu'il s'agisse de lutte armée, de renseignement et aussi de sabotage dans les usines d'armement. Dans le contexte de propagande nazi qui régnait, imprimer des tracts ou même bricoler une radio était déjà un acte de résistance.

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Machine ronéotype couramment utilisée par la résistance pour la contre-propagande :

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Radio construite par un résistant bricoleur ; elle tient dans une valise pour être discrètement prêtée entre voisins :

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Il faut être conscient des risques énormes que prenaient les résistants pour eux-mêmes et surtout pour leur famille. La répression était extrêmement violente ; la torture et les exécutions pour l'exemple étaient monnaie courante.

Le fort de Queuleu à Metz est un lieu de sinistre mémoire. La bâtisse a été transformée par l'occupant nazi en camp d'internement.

Les résistants fraichement capturés y étaient interrogés et sauvagement torturés. Ceux qui arrivaient à survivre à "l'enfer de Queuleu" étaient ensuite déportés vers les camps de concentration.

L'espace mémoire de Hagondange traite bien sûr tous les autres aspects de la seconde guerre mondiale. Ce musée se distingue en particulier par la grande quantité de photos, documents et livres disponibles, la plupart en très bon état de conservation.

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Plusieurs objets d'époque, dont certains assez rares et bien conservés, viennent souligner certains événements. Voici quelques exemples :

D'abord cette urne funéraire nazie ; nombre de familles de déportés l'ont payée à prix d'or, sans aucune garantie que les cendres contenues correspondent effectivement à celle du défunt (cela ne pouvait être le cas compte tenu du principe et de la cadence de fonctionnement des fours crématoires) :

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Ensuite cette affiche au centre, regroupant les différents insignes cousus sur les vêtements des déportés.

Elle témoigne aussi bien du flicage systématique en vigueur dans la dictature nazi, que du nombre important de minorités persécutées :

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Cette affiche de propagande, sous forme d'arbre généalogique, est destinée à inciter le peuple allemand à "bien" se marier - elle résume à elle seule l'idéologie nazi, presque entièrement basée sur le racisme :

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Cette dernière affiche est celle qui m'a marqué le plus :

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C'est ce qui peut se faire de pire en matière de déshumanisation dans une dictature bureaucratique.

On pourrait penser que la seconde guerre mondiale, on en a parlé suffisamment, et même que l'on en parle trop. Ce serait une erreur, ce travail de mémoire est essentiel. Pour preuve, en 2005, un homme politique français dont je terrais le nom a osé dire devant la presse que "l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine".

Pour conclure il faut rendre hommage à nos aînés. Après de telles épreuves il leur a fallu courage et sagesse pour imaginer et mettre en œuvre la réconciliation. C'est en pensant à l'avenir des générations futures qu'ils en ont trouvé la force.

Grâce à eux la France et l'Allemagne sont devenus les piliers de la construction européenne et depuis bientôt 70 ans nous jouissons d'une paix durable.

Puisse cet exemple nous donner le courage et l'intelligence d'affronter les difficultés d'aujourd'hui, sans reproduire les erreurs du passé. Ne nous laissons pas abuser par d'autres messies et d'autres obscurantismes, quels qu'ils soient.


Ci-dessus quelques photos et vidéos de la commémoration.


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