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Histoire des musiques électroniques - 16/12/2011 - Les Caves de Dole

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L'association Le Citron Vert et les Caves de Dole proposent au public une conférence sur l'histoire des musiques électroniques. C'est Vincent Nicod qui présente et anime la conférence.

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Très connu en Franche-Comté en tant que DJ, et pour avoir participé activement à l'organisation d'évènements culturels, il viendra nous faire profiter de son expérience.

Cette initiative est remarquable à deux points de vue.

D'abord parce que la musique électronique souffre de nombreux préjugés, et si aujourd'hui tout le monde en a entendu parler, peu de gens savent vraiment de quoi il s'agit.

Ensuite parce que le terme de musique électronique couvre en fait un ensemble très vaste de sujets.

Qu'il s'agisse des multiples courants musicaux (hip-hop, techno, new wave, trance...), qui ont chacun leur propre univers à part entière.

Ou encore des différents aspects sociologiques qui se sont appropriés la musique électronique comme étendard : mouvement des free-parties, mouvement gay, culture urbaine.

Aussi les nombreux ouvrages et films documentaires parus sur le sujet, s'ils sont tous passionnants et souvent même engagés, ne traitent chacun que d'une partie de ce qu'est la musique électronique.

Vincent Nicod a choisi d'aborder la musique électronique avec l'œil du musicologue.

Il faut préciser que cette conférence a été déjà donnée à des élèves en cours de musique, dans le cadre du projet «détournements électromusicaux» de l'association le Citron Vert.

Quelques passionnés dans un style ou un autre pourront regretter que tel ou tel aspect ne soit pas creusé en profondeur, ou que tel ou tel artiste «incontournable» n'ai pas été cité, mais cette conférence aura eu l'intérêt, dans un temps assez court, de pouvoir faire un tour d'horizon assez complet et neutre de ce qu'est la musique électronique.

La conférence démarre en tout bien tout honneur avec les origines lointaines de la musique électronique, au tout début du 20ième siècle.

Avant que l'homme ai découvert l'électricité, puis les joies de l'électronique, la seule et unique façon de produire de la musique était basée sur les lois de la mécanique : peaux, cordes, et objets divers étant frappés, pincés, frottés, ou soumis à un flux d'air.

Il s'en suivait alors une vibration mécanique, qui transmise à l'air environnant, produit un son audible.

Quand l'homme eu la possibilité d'utiliser de l'électricité pour manipuler du son, il s'en est d'abord servit pour transmettre et enregistrer la parole puis la musique produite par d'autres moyens, avec l'invention du téléphone, de la radio, et des dispositifs d'enregistrement et de reproduction (disque, magnétophone).

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Des esprits créatifs ne tarderont pas à détourner toutes ces technologies pour produire de la musique. C'est souvent le hasard qui donnera un coup de main au destin, comme l'invention du Thérémine en 1919, qui a pour origine un récepteur radio défectueux.

La photo ci-dessous montre le thérémine fabriqué par l'association le Citron Vert lors des détournements électromusicaux :

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Cet appareil original, qui suscite en ce moment un regain d'intérêt, est un synthétiseur dont on contrôle le son en déplaçant ses deux mains à proximité des antennes, sans toucher l'appareil.

L'ergonomie de l'instrument rappelle curieusement celle des interfaces Wii et Kinect apparues un siècle plus tard.

Le sampling sera inventé dans les années 1950 ; il est obtenu en découpant puis en assemblant des morceaux de bandes magnétiques enregistrées.

Les musiques électroniques intéressent à cette époque une poignée de compositeurs avant-gardistes ; Pierre Schaeffer est l'un de ses représentants les plus connus avec sa musique concrète.

Les artistes n'hésitent pas à jouer également avec les équipements de reproduction ; le système de diffusion sonore est alors une part entière de l'œuvre.

Dans un concert de musique électro-acoustique, le public est soigneusement installé au centre d'une installation polyphonique, où de nombreuses enceintes permettent au compositeur de jouer avec l'espace.

Une immersion totale pour le public, bien avant que les 5.1 envahissent nos salons.

La photo ci-dessous montre la diffusion d'une œuvre acousmatique en octophonie lors du dernier festival Electroclique :

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1954 est une année charnière, avec l'invention du 1er synthétiseur, le RCA Mark II.

Il est très encombrant et hors de prix, la musique électronique reste donc encore un domaine accessible uniquement à quelques expérimentateurs privilégiés.

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C'est Moog qui va vraiment révolutionner la musique électronique.

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En construisant et en commercialisant des synthétiseurs bon marchés et transportables, la musique électronique va enfin devenir accessible au commun des mortels.

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Avec ses sonorités bizarres pouvant être paramétrables à l'infini, les synthétiseurs vont tout naturellement trouver leur place parmi les artistes pop.

C'est notamment les groupes de rock psychédélique et progressif, comme Pink Floyd, qui vont s'en donner à cœur joie.

Le Mellotron, sorte d'instrument hybride entre le sampler et le synthétiseur – il est composé d'un clavier dont chaque touche est associé à une bande magnétique – sera lui aussi très utilisé, notamment par les Beatles, Pink Floyds et surtout les Moody Blues.

La fin des années 70 et les années 80 vont être très importantes pour la musique électronique.

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D'autres artistes vont aller plus loin, et ne plus se contenter d'utiliser un synthétiseur au milieu d'un orchestre, mais composer de la musique entièrement électronique.

Ainsi Kraftwerk et Jean-Michel Jarre vont en faire leur marque de fabrique.

La musique disco va quand a elle progressivement s'accaparer les instruments électroniques. Au départ entièrement acoustique - on parle alors de disco-funk - les producteurs vont dans un premier temps simplement intégrer des synthétiseurs.

Ensuite vont apparaître des titres disco et Hi-NRG entièrement électroniques ; c'est notamment le règne de Patrick Cowley, Bobby Orlando, Giorgio Moroder,...

C'est également à cette époque que nait la New Wave, avec comme étendards Dépêche Mode et Kraftwerk.

La variété, qu'elle soit française ou internationale, fera également appel massivement aux sonorités électroniques ; Alain Chamfort ou Lio ne diront pas le contraire...

Cette période fin 70 début 80 va aussi et surtout connaitre des innovations technologiques majeures dans la musique électronique.

D'abord le séquençage, avec la première boîte à rythme (LM1 de Roger Linn).

La sacro-sainte association «un instrument = un musicien» est dépassée.

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Des artistes vont pouvoir composer et jouer seul ou en duo des choses qui leur était impossible de faire avant.

Ensuite le premier échantillonneur numérique, qui va rendre la technique du sampling vraiment utilisable par les musiciens et compositeurs.

Les enregistrements, appelés samples, sont généralement pris dans une chanson existante, mais ils peuvent aussi être fabriqués avec un instrument acoustique traditionnel ou des bruitages divers.

Enfin et surtout, le langage MIDI.

Cette norme universelle permet de connecter n'importe quel clavier, synthétiseur, séquenceur, sampler,... avec n'importe quels autres.

Chacun peut construire son orchestre en kit puis le faire évoluer, les possibilités sont infinies...

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Revenons aux styles musicaux.

Les années 80 vont enfanter le Hip-hop, lorsque les rappeurs du ghetto s'approprient les échantillonneurs et les boîtes à rythme.

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Une autre facette de la musique électronique va connaître son essor : le DJing. Bien que John Cage soit le premier, en 1939, à avoir eu l'idée de mixer deux disques en même temps, cette technique ne sera exploitée que bien des années plus tard.

En effet, ce sont d'abord... les sound-systems Reggae dans les années 50/60 qui utiliseront, à la place d'un orchestre, des platines pour passer des disques tandis que des chanteurs accompagnent au micro la musique ainsi diffusée.

C'est ensuite le Hip-Hop qui va tirer profit du DJing dans les années 1980.

La technique est similaire à celle des sound-systems Reggae : le DJ «balance l'instru» tandis que les «MC» rappent par-dessus. Aujourd'hui encore, MC, DJ, samplers, et boîte à rythme font partie des fondements du Hip-hop.

Le DJing sera ensuite très utilisé en discothèque avec différents styles de musiques et en particulier le disco, la techno,... Mais ici la méthode est différente ; le DJ est seul aux platines, et personne ne prend le micro.

DJ Gaogao aux platines :

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Le but est d'enchaîner et même de mélanger des disques non-stop de façon à ce qu'il n'y ai aucune interruption de la musique. Les producteurs de musique disco ont alors inventé le « maxi-single » pour permettre aux gens de danser plus longtemps, et faciliter le travail du DJ.

Des années plus tard, les producteurs de musiques électroniques minimales sortiront sur vinyle des versions de leurs musiques spécialement conçues pour être mixées, c'est-à-dire avec des morceaux «étirés» (très long et avec des passages relativement monotones) pour permettre au DJ de véritablement jouer avec comme un musicien.

Revenons aux styles musicaux qui sont apparus dans les années 80.

Le style «hardcore» est apparu très rapidement, en 1981, avec Front 242 et son titre Body to Body.

Simultanément, en 1985, la Techno va naître à Détroit, et la House à Chicago. Il y a souvent une polémique entre les passionnés pour savoir laquelle des deux a précédé ou a copié l'autre, mais il est vraisemblable que dans l'air du temps, deux groupes de personnes aient eu la même idée au même moment.
La Techno se distingue par un rythme plus prononcé, et la House avec ses influences funky.

Electro-disco, new-wave, hip-hop, hardcore, house, techno, influence dans les autres styles musicaux et innovations techniques majeures... les années 1980 ont belles et bien étés cruciales pour la musique électronique.

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L'aventure continue dans les années 1990 et 2000.

La techno et la house enfanteront la dance music, pour le meilleur et pour le pire.

La minimale et la trance viendront un peu à contre-courant, avec un rythme apaisé et plusieurs références aux sonorités et à l'esthétique visuelle du rock psychédélique, juste retour des choses puisque c'est dans ce style que la musique électronique a commencé son aventure populaire.

La Freaks Machine :

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Outre-manche, à Londres plus précisément, la Drum'n'Bass et le Dubstep feront leur apparition.

La France ne sera pas en reste. Au contraire, la French Touch' aura une renommée mondiale avec Daft Punk, Laurent Garnier, Air, Justice, ...

... et aussi dans l'univers des free partys, très présent dans notre pays, avec la tribe/hardtek de Mircopoint, Guigoo,...

Du point de vue technique, aucune innovation majeure n'a vraiment eu lieu dans le domaine de la musique électronique ces vingt dernières années. La norme MIDI a encore de beaux jours devant elle, et les indétrônables platines Technics «MK2» aussi.

Toutefois, les progrès constants de l'informatique ont contribué à baisser le coût et augmenter la facilité d'utilisation des outils de production de musique électronique.

Aujourd'hui, un simple ordinateur grand public et un logiciel abordable et convivial permettent de faire bien plus de choses qu'un ensemble coûteux et complexe d'instruments.

Cette facilité technique a un revers : il est - et sera - de plus en plus difficile de faire quelque chose d'original.

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Nombre d'artistes cherchant à sortir du lot, la période récente a ainsi été marquée par l'apparition de nombreux projets hybrides, qu'il s'agisse de mélanger rock et électro, electro et jazz, hip-hop et saoul... et même de combiner musique avec d'autres performances artistiques.

De nombreux projets éclectiques ont su nous démontrer qu'il y a avait encore des univers à explorer.

Ci-dessous Laurent de Wild et Otisto 23 lors du dernier festival Electroclique ; leur projet allie le jazz, l'électro et une projection vidéo

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La musique électronique s'ouvre également vers d'autres paysages sonores plus exotiques : tropicale house, cumbia, bail funk.

Cette ouverture est en partie due au fait que la musique électronique commence à devenir accessible financièrement aux pays émergeants, et c'est probablement là qu'elle trouvera son avenir.

C'est sur cette note d'optimisme que Vincent termine sa conférence. La soirée continue ensuite avec une discussion animée avec les participants. Il faut dire que les membres du public avaient un âge compris entre 20 et 50 ans ; les disques et artistes passés en revue avaient pour les uns un goût de découverte, et pour les autres celui d'une madeleine de Proust.


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Electro / Drum / Dubstep / Techno / Ghetto Bass
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