Papiers raclés - 29/09/2011 - Campus la Bouloie / FJT les Oiseaux / La Rodia
Organisé par Le Club de Gym, All Over et Supersenor, Papiers Raclés nous propose une exposition, une conférence et un concert autour de la sérigraphie.
Dans le grand hall de la maison des étudiants à la Bouloie, où l'ont peut admirer de nombreuses affiches sur plusieurs générations, la soirée commence par une conférence sur l'histoire de la sérigraphie animée par Didier Maiffredy.
Si la sérigraphie existe depuis longtemps - inventée en Asie et importée aux Etats-Unis au 19ième siècle - c'est dans les années 60 qu'elle va devenir un véritable mouvement culturel.
Portée par les "big five" : Victor Moscoso, Wes Wilson, Stanley Mouse, Rick Griffin et Alton Kelley, la sérigraphie accompagne en particulier le mouvement du rock psychédélique et va servir à produire quantité d'affiches et objets divers, constituant une identité graphique indissociable de ce courant musical.
La sérigraphie dépasse le mouvement hippie, et la scène punk se l'approprie dans les années 70, notamment Frank Kozik, Lindsey Kuhn, Mark Arminski, Alan Forbes, Melvins, Foo Fighters, Iggy Pop, Nine Inch Nails, Sonic Youth...
Ce qui fait la force de la sérigraphie est son accessibilité technique. Cela peut faire rire aujourd'hui mais souvenons-nous que dans les années 60 et 70 l'ordinateur familial et son imprimante multifonction n'existaient pas.
Ce procédé permet de reproduite en petite ou moyenne série, avec un coût et des moyens matériels abordables, des impressions sur papier ou tissu. Ce mouvement issu des USA s'exportera rapidement en Europe.
Les milieux underground ont ainsi pu sortir affiches, flyers, tee-shirt, pour assurer la promotion de la contre-culture. La sérigraphique sera également très utilisée dans les milieux politiques alternatifs, comme par exemple les ateliers populaires de mai 1968.
Mais on aurai tord de confondre la sérigraphie avec un photocopieur. Chaque épreuve est unique et a une vrai dimension artistique. Comme le défend ardemment Andy Warhol, la sérigraphie permet de rendre accessible l'art à tous.
Certains tirages en série très limité, réalisés avec passion et fourmillant de trouvailles techniques (notamment avec l'emploi d'encres et de papiers spéciaux) sont de véritables œuvres d'arts. Certaines affiches s'arrachent à prix d'or.
Cela n'est-il pas paradoxal ? Il faut remettre les choses à leur place : dire que des épreuves sont hors de prix est relatif ; des production artistiques originales et de qualité sont accessibles autour d'une centaine d'euros, ce qui est sans commune mesure avec les sommets que peuvent atteindre les sculptures d'art contemporain.
[lire la suite >>]
[<< paragraphe précédent]
Après la conférence, le public peut admirer les nombreuses affiches exposées, et surtout assister à la fabrication d'affiches par l'équipe de Supersenior qui est venue avec son matériel. L'affiche dessinée pour l'occasion est celle du concert qui va suivre.
Mais la sérigraphie, ça fonctionne comment au juste ?
La pièce maîtresse est une toile poreuse - à l'origine en soie, aujourd'hui en nylon - qui doit être préparée, en fonction du motif à sérigraphier.
La préparation de la toile est similaire au développement photo et à la fabrication de circuits imprimés.
La toile est d'abord enduite de résine photosensible. Les motifs à sérigraphier sont imprimés ou découpés sur un typon transparent. Ce typon est alors placé sur la toile, et l'ensemble est exposé à une lampe UV.
Les zones de la toile exposées aux UV ont vu leurs pores bouchés par la résine qui a durci. Les autres zones, correspondant au motif à imprimer, redeviendront poreuses après rinçage à l'eau de la toile.
La toile ainsi obtenue est tendue sur un cadre en bois, lui-même attaché à une table via une charnière.
L'équipement est prêt pour le tirage.
Il faut d'abord placer le support à imprimer sur la table, puis rabattre le cadre contenant la toile par-dessus.
De l'encre est déposée sur la toile, et, grâce à une spatule souple, on racle la toile pour que l'encre traverse les pores non obstrués de la toile.
Le motif est imprimé ; le support peut être retiré. Il faut le laisser sécher quelques minutes ; en attendant, d'autres supports peuvent êtres imprimés en série.
Il est possible d'imprimer des motifs avec plusieurs couleurs ; il suffit alors de fabriquer autant de toiles que d'encres utilisées, et de repasser les supports autant de fois que nécessaire, après séchage intermédiaire entre chaque couche.
Dans cette situation on travaille par lot, par exemple en sérigraphiant d'abord les couches de la première couleur de toutes les affiches, puis ensuite on répète l'opération pour la deuxième couche après avoir changé la toile.
Le positionnement des toiles et celui de chaque affiche doit être très minutieux, il est obtenu à l'aide de cales fixées sur la table.
Il est possible d'utiliser en théorie un nombre illimité de couches d'encres différentes. L'emploi d'encres spéciales (argentées, dorées, fluo, ...) autorise une certaine fantaisie.
Mais la sérigraphie ne permet pas le mélange proportionnel des encres comme pour les impressions en niveau de gris ou en quadrichromie. On peut toutefois parvenir à reproduire des photos en utilisant des trames de points.
On peut également obtenir des effets de dégradé intéressants en déposant deux encres côte à côte sur la toile. La sérigraphie conserve un autre avantage : la possibilité de pouvoir imprimer directement sur des supports variés, notamment les papiers épais et le textile.
[lire la suite >>]
[<< paragraphe précédent]
Avec la nuit tombante la maison des étudiants ferme ses portes...
Tout le monde se dirige vers le petit théâtre de la Bouloie pour le concert.
Ce sont les bordelais de Mars Red Sky, que j'ai déjà eu le plaisir de voir chez nous lors du GéNéRiQ Festival, qui nous offrent un concert de rock psychédélique pur et dur.
Introductions toutes en longueurs, toute une gamme d'effets de guitares, deux voix spatiales, aucun doute, on n'est pas à côté ou un peu connoté psychédélique mais en plein dedans, j'adore !
Et avec en prime la projection derrière la scène de petits films d'animations documentaires courts, apportant comme une invitation au voyage et à l'introspection à notre atmosphère planante.
Vous trouverez ci-dessous les photos et les vidéos de l'exposition et du concert.
A noter, il y a également une exposition d'affiches éditées par All Over au FJT les Oiseaux jusqu'au 16 octobre. L'exposition à la maison des étudiants restera visible jusqu'au 27 octobre. Supersenior exposera aussi quelques affiches à la Rodia du 5 au 30 octobre.